Fuites Urinaires à l'Effort : Comprendre et Traiter l'Incontinence du Sportif
Une femme sur trois est concernée par les fuites urinaires pendant le sport. Ce n'est pas une fatalité ! Découvrez les causes et les solutions.

Kinésithérapeute D.E.

Un tabou qui touche des millions de femmes
Les fuites urinaires à l'effort (ou incontinence urinaire d'effort - IUE) concernent 1 femme sur 3. Pourtant, seulement 30% d'entre elles consultent. La honte et la méconnaissance font que beaucoup abandonnent le sport ou vivent avec des protections.
Ce n'est pas normal. Ce n'est pas une fatalité. Ça se soigne.
Qu'est-ce que l'incontinence urinaire d'effort ?
L'IUE se caractérise par des fuites involontaires d'urine lors d'efforts physiques qui augmentent la pression abdominale :
- Toux, éternuement, rire
- Course à pied, sauts
- Port de charges lourdes
- Changements de direction brutaux
Contrairement à l'incontinence par urgenturie (envie pressante), il n'y a pas de sensation de besoin avant la fuite.
Pourquoi ça arrive ?
Le mécanisme
Normalement, lors d'un effort, le périnée se contracte automatiquement pour maintenir la continence. Quand ce mécanisme est défaillant, la pression abdominale dépasse la résistance du sphincter urétral = fuite.
Les facteurs de risque
- Grossesse et accouchement : étirement et traumatisme du périnée
- Sports à impact répétés : course, fitness, crossfit, trampoline
- Constipation chronique : efforts de poussée répétés
- Surpoids : pression permanente sur le périnée
- Ménopause : diminution des œstrogènes, atrophie des tissus
- Chirurgie pelvienne : hystérectomie, chirurgie du prolapsus
- Toux chronique : tabac, asthme
Les sports les plus à risque
Une étude a montré la prévalence de l'IUE selon les sports :
- Trampoline : 80% des pratiquantes
- Crossfit : 60%
- Course à pied : 40%
- Fitness / Aérobic : 35%
- Tennis : 30%
- Natation : 10%
- Yoga / Pilates : 5%
Faut-il arrêter le sport ?
Non ! Mais il faut adapter sa pratique le temps de la rééducation :
- Réduire temporairement les sports à impact
- Privilégier natation, vélo, yoga, Pilates
- Éviter les exercices hyperpressifs (crunchs, relevés de jambes)
- Reprendre progressivement après rééducation
Le bilan périnéal : première étape
Votre kinésithérapeute ou sage-femme évaluera :
- Testing périnéal : force de contraction (0 à 5)
- Endurance : capacité à maintenir la contraction
- Verrouillage à l'effort : contraction automatique
- Recherche de prolapsus
- Évaluation des abdominaux : diastasis ?
Les traitements
1. La rééducation périnéale (traitement de 1ère intention)
Efficace dans 70-80% des cas. Elle comprend :
- Exercices de Kegel : renforcement des muscles du périnée
- Biofeedback : visualisation de la contraction sur écran
- Électrostimulation : aide à la prise de conscience musculaire
- Travail du verrouillage : contracter AVANT l'effort
2. Les techniques complémentaires
- Abdominaux hypopressifs : renforcent périnée et transverse
- Pessaire : dispositif interne de soutien (pour le sport)
- Laser vaginal : stimule la régénération des tissus
3. La chirurgie (si échec de la rééducation)
Pose de bandelette sous-urétrale (TVT/TOT). Efficacité > 85%. Réservée aux cas résistants à la rééducation bien conduite.
Exercices à faire chez soi
Contractions lentes (fibres lentes)
Contractez le périnée comme pour retenir un gaz. Tenez 5-8 secondes, relâchez 10 secondes. 10 répétitions, 3 fois/jour.
Contractions rapides (fibres rapides)
Contractez-relâchez rapidement, 10 fois de suite. Ces fibres interviennent lors des efforts soudains.
Le verrouillage périnéal
L'exercice le plus important ! Avant chaque effort (toux, éternuement, saut, soulevé de charge), contractez le périnée. Cela doit devenir un réflexe.
La synergie abdos-périnée
À quatre pattes, expirez en rentrant le ventre ET en contractant le périnée simultanément. C'est la base d'une bonne gestion des pressions.
Conseils pratiques pour le sport
- Videz la vessie avant l'effort
- Limitez la caféine : effet diurétique
- Hydratez-vous quand même (ne pas se déshydrater par peur des fuites)
- Portez du sombre si anxiété (le temps de la rééducation)
- Protections adaptées : culottes absorbantes sport (pas de serviettes hygiéniques)
Quand consulter ?
Consultez un kinésithérapeute spécialisé si :
- Fuites régulières pendant le sport
- Fuites au quotidien (toux, rire, escaliers)
- Après un accouchement (même sans fuites, pour prévention)
- Sensation de pesanteur pelvienne
- Avant de reprendre le sport après bébé
Le mot de la fin
Les fuites urinaires ne sont jamais normales, même après plusieurs grossesses, même à 50 ans. Avec une rééducation adaptée, la grande majorité des femmes retrouvent une continence parfaite et peuvent reprendre tous les sports qu'elles aiment.
N'attendez pas. Consultez.
Tags :
Besoin d'un avis professionnel ?
Prenez rendez-vous avec Elise ou un autre membre de notre équipe.